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1 novembre 2001 4 01 /11 /novembre /2001 00:00

Un des deux pays que nous n'avons vraiment pas aimé, avec Israël, et pour la même raison que ce dernier, à savoir une population désagréable. Certes dans beaucoup de pays africains, et en particulier en Afrique de l'ouest, les sollicitations et les reproches sont fréquents, mais au Mali c'est quasi-permanent. De plus il s'y ajoute une agressivité et un racisme vraiment pénibles. En huit ans de voyages avec PassePartout, Martine ne s'est mise en colère que deux fois, les deux au Mali. Un signe.

 

Ça commence par une piste de tôle ondulée, dangereuse étant donnée la conduite des camionneurs.

Sénégal-camion accidenté

 

A l'entrée et à la sortie de chaque village, contrôle. Les gendarmes restent le plus souvent allongés sous leur arbre et sont désagréables. Du coup à l'entrée de Kayes je ne m'arrête pas. Mais j'aurais dû faire de même à la sortie, car là il faut payer une taxe pour le pont: 5 FF pour les locaux, 50 pour nous (et même 100 pour les ONG !). Même en France un péage de pont n'est pas aussi cher.

Surtout que nous n'avons pas vu de rivière et encore moins de pont !!!!

 

J'explique que je ne peux pas payer pour un pont que je n'ai pas vu et demande à voir un papier officiel avec le tarif, mais ils montent tout de suite dans les tours et quand je dis que c'est du vol, changement de ton: sous la menace d'une arme ils m'emmènent au bureau pour un interrogatoire-punition.

Au bout de 2 heures, j'en ai marre, j'arrête de répondre, je leur demande de me mettre les menottes, de m'arrêter officiellement et exige d'appeler mon ambassade. Pendant 5 minutes je ne dis que ça, du coup ils m'emmènent dans le bureau du chef, une vraie caricature: un gros en civil transpirant sous son ventilateur déglingué, vautré dans son canapé, qui ne me regarde même pas et continue à compter ses liasses de billets. J'ai l'impression d'être dans un film de Sergio Leone ! Après 5 minutes il lève le nez, sans un mot, regarde son sous-fifre et fait signe d'un geste de la main de me jeter dehors.

Bienvenue au Mali !

 

Cette expérience nous a enseigné deux choses:

1) ne pas s'arrêter aux contrôles; désormais s'il n'y a pas de barrière, ...... on passe.

2) le mot 'vol' ou 'voleur' est, dans la région, un mot tabou à ne jamais utiliser, et nous le vérifierons une autre fois. Par contre nous avions découvert au Sénégal un mot magique qui interrompt instantanément les tracasseries des officiels: corruption. Nous l'utiliserons dans plusieurs pays, à chaque fois avec succès !

 

Nous continuons ensuite la longue et pénible piste jusqu'à Bamako, durant quatre jours, lentement mais sûrement. Les rares véhicules que nous rencontrons vont plus vite. Mais ils cassent ! Comme ces quatre Land-Rover qui nous ont doublé et que nous retrouvons le lendemain, deux des véhicules ayant des problèmes. Ou ces français en Landcruiser que nous dépannons (alternateur HS).

Mali-Kayes Bamako 4  Mali-Kayes-Bamako 7

Mali-Kayes Bamako 2  Mali-Kayes Bamako 3

 

A Bafoulabé, passage du bac. Là encore ambiance exécrable, avec tarif 'spécial blancs' ("normal le bateau vient de France" dixit l'employé) et on nous débarque hors du quai normal, avec un jeune qui doit nous guider; en fait il ne fait rien et nous fait ensabler en passant au mauvais endroit, mais à la fin il réclame 75 FF ! Pénible.

Nous visitons donc le Mali dans cette ambiance délétère, où le blanc n'est bon qu'à payer.

 

A Hombori 

Mali-Hombori 1  Mali-Hombori 2

nous cherchons un gars qui pourrait nous guider hors-route durant une demie-journée, mais il refuse les 100 FF que nous proposons et exige 400 FF ! En France, pays infiniment plus riche, beaucoup de jeunes passeraient une demi-journée avec plaisir pour 100 FF. Qu'il reste, on se débrouillera seuls !

 

Sur le bac pour Djenné, je proteste (eh oui, encore une fois) vu le tarif 'spécial blancs'. Résultat, au retour le pilote nous reconnait et arrête son bac 20 m avant la berge, nous obligeant à rouler dans 60 cm d'eau.

 Mali-Djenné mosquée  Mali-bac Djenné

 

Une jeune française présente sur le bac (elle est ici pour deux ans dans une ONG) nous confirme que même pour elle, qui est là pour aider les maliens, c'est pareil. Et quand nous lui demandons pourquoi elle reste, elle répond qu'elle s'est engagée et qu'elle respectera cet engagement. Vraiment un truc de blancs, ça !

 

Nous essayons donc de passer du temps hors des villes, au calme,

Mali-termitière

avec pour voisins les bergers peuls et les touareg qui, eux, ne réclament jamais rienCe sont des gens libres et fiers et que ce soit en Algérie, au Niger ou ici, nous avons plaisir à les rencontrer et à échanger. Et lorsque nous croisons une des dernières caravanes qui convoient le sel de Taoudenni, c'est une bien belle vision.

Mali-caravane

 

Au pays dogon, haut lieu touristique, c'est le summum. On paie la taxe à l'entrée, soit. Mais près d'un village interdiction de prendre une photo du paysage (pas les gens, le paysage) si on ne paie pas. Nous fuyons.

Dans un autre village nous nous baladons tranquillement pendant deux heures,

Mali-Dogons palabre  Mali-fillette dogon

Mali-grenier dogons  Mali-Dogons arrosage

 

car nous sommes accompagnés par un instituteur ..... qui a abandonné sa classe pour nous !

Il ne nous lâche pas de la soirée et nous a même préparé un programme de visite pour toute la journée du lendemain. On croit rêver.


Un des rares endroits où nous sommes à peu près tranquilles (tout est relatif) est Ségou, au bord du fleuve. Mais face à la pauvreté ambiante, les ONG en 4x4 rutilants et les sommes délirantes demandées au blanc partout paraissent encore plus folles.

Mali-Ségou 1  Mali-Ségou 2

Mali-lessive vaisselle toilette

Mali-Ségou 4  Mali-Ségou 5

 

 

A l'image de notre séjour, notre dernière nuit, à Bamako: nous sommes très fatigués (Martine sort d'une typhoïde+palu et je ne suis guère plus vaillant après en an en Afrique de l'ouest), et nous nous installons dans la cour d'un hôtel. Mais le patron a 'oublié' de nous dire que ce soir, c'est fête. Et la sono crache ses watts jusqu'à 2:00 du matin. Quand finalement nous nous endormons, exténués, c'est pour être réveillés par un rat (comment est-il entré? étrange ). Et le matin le patron veut nous faire payer 160 FF !!!!!!!

Nous fuyons alors ce pays et malgré notre fatigue avalons 200 km de piste d'une traite pour retrouver des cieux plus accueillants. Et même si la piste vers la Mauritanie est longue (trois jours) et difficile (surtout vu notre état) nous la parcourons avec bonheur, enfin libres.

Mali-piste vers Mauritanie 

 

 

Plus de photos ICI

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