Pays particulier, à plusieurs titres. D'abord c'est un pays désertique, et ça on aime, d'autant plus que les gens du désert sont calmes et que les mauritaniens ne dérogent pas à la règle.
Ensuite c'est le passage obligé pour l'Afrique de l'ouest depuis que l'Algérie n'est pas sûre, mais avec un tronçon très difficile, et ça c'est moins drôle. En effet, entre la frontière marocaine et Nouadhibou s'étend un no man's land miné, une cinquantaine de kilomètres qu'il ne faut traverser qu'avec un guide fiable et sans s'écarter des traces. Mais surtout, pour continuer vers le sud, on a ensuite le choix entre la peste et le choléra:
D'un côté le train minéralier jusqu'à Choum, célèbre car c'est le plus long du monde. Mais il est prévu pour du minérai et pèse si lourd que les rails sont déformés. Et si les véhicules sont acceptés, c'est sur des plateaux, attachés avec du fil de fer passé dans les roues et cloué sur le plateau ! Après de longues hésitations, nous prenons ce train.
Mais ce voyage d'une douzaine d'heures (en partie de nuit) dans le pauvre PassePartout posé sur ce plateau et secoué a été la plus grande angoisse de notre vie car ça secoue tellement qu'on croit à chaque instant qu'on va dérailler ou être éjecté du plateau et donc que la dernière heure est arrivée.
Une fois à Choum, il ne reste plus qu'à rallier Atar par la piste. Mais après quelques heures, l'embrayage chauffe tellement dans le sable qu'il finit par être totalement inopérant. Nous sommes plantés là, mais après une bonne nuit au calme il a refroidi et nous pouvons repartir (ça patine bien un peu mais bon ....).
Il est facile de comprendre qu'au retour, un an plus tard, nous choississons l'autre chemin, soit 450 km sans piste, sur toutes sortes de terrains, avec quelques morceaux de bravoure comme les dunes de l'Azefall,
ou les 200 km effectués sur la plage en faisant attention à la marée !
Nouakchott, ville sans intérêt particulier, mais qui vaut le coup d'oeil. En effet les mauritaniens utilisent une voiture comme un chameau: on prend toujours au plus court, en empruntant le rond-point par la gauche, ou en doublant un véhicule sur ce qui sert de trottoir, etc ........
Franchement folklorique, comme le sont les taxis collectifs, des minibus verts sans vitres, souvent sans capot ni portières ni pare-brise, les fenêtres étant parfois une simple découpe dans la tôle bien tranchante !
L'entretien est du même acabit: un jour nous dépannons un vieux mauritanien dont le Land Cruiser (surchargé avec les six personnes, les bagages et les chèvres) ne veut plus démarrer: je fixe le câble qui ne touche la cosse de batterie que quand il y a une bosse, puis je connecte la batterie de PassePartout. Pour faciliter le démarrage et comme il n'y a plus de filtre à air (ça ne sert à rien dans le désert !) le chauffeur vaporise dans l'entrée d'air du déodorant pour WC parfum senteur des Landes ! Et ça marche !
Malheureusement, pour le confort et l'hygiène c'est pareil. La farine héberge des charançons, on trouve au marché d'Atar (400 km de la mer) du poisson .... qui a dû venir à pied, et même les oeufs sont bizarres: un jour sur 6 achetés nous en jetterons 4 car mal-formé ou parce que le blanc est ... vert, ou bien le jaune .... noir. Mais il reste les boites de sardines "don de l'UE, ne peut être vendu" ou la Vache qui rit, un peu ocre et au goût de noisette, mais bon ....
Mais le désert est là, avec son calme, ses vues dégagées, ses couleurs, son ciel nocturne,
et nous passons d'une oasis,
à Chinguetti, quatre fois ensablée, quatre fois reconstruite un peu plus loin,
en passant par Atar, trou perdu qui dispose d'un aéroport international,
et les plateaux rocheux de la passe d'Amogjar.
Bref nous savourons encore et toujours le désert.
NB: il existe désormais une route entre Nouakchott et Nouadhibou. Il est donc possible d'aller jusqu'à Dakar avec sa voiture de tous les jours.
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